Il n'y a pas si longtemps
résonnait encore, dans toutes les classes d'écoles primaires, la
litanie des grandes dates de l'histoire de France, qu'apprenaient par
cœur tous les élèves : « En 732, Charles Martel arrête
les Arabes à Poitiers. »
Qui se souvient
aujourd'hui de la bataille de Castanet ?
Maîtres de l'Espagne, les
Sarrasins ne tardent pas à revendiquer les droits que les Wisigoths
avaient en deça des Pyrénées. Ils font des incursions en
Septimanie, s'emparent de Nîmes, Narbonne et Carcassonne.
Nous sommes en 721. Les
Sarrasins omeyyades, avec à leur tête l'émir Al Samh, quittent
Narbonne. Une impressionnante armée composée de plusieurs milliers
d'hommes se met en marche vers Toulouse, ville qu'ils rêvent de
conquérir.
Sur le trajet, les
Sarrasins sèment la terreur. Les messagers d' Eudes, duc
d'Aquitaine, ne font état que de pillages, viols et massacres.
Conscient de son
infériorité, Eudes demande de l'aide à Charles Martel mais
celui-ci reste sourd à ses appels. Il se retrouve donc seul face à
cette armée redoutable, il ne peut compter que sur les siens et
quelques mercenaires vascons (basques).
Le pape Grégoire II avait
envoyé à Eudes trois éponges bénites, éponges utilisées pour
récupérer les gouttelettes de vin tombées lors de la communion sur
l'autel papal. Eudes découpe ces éponges en plusieurs petits
morceaux et les donne à ingérer à ses guerriers, mais il n'y en a
pas assez pour tous.
Le 9 juin 721, Eudes
quitte les murs de Toulouse et se dirige sur l'armée Sarrasine qui,
confiante en sa supériorité, tient campement aux portes de
Toulouse, sur le territoire de la commune de Castanet. Les chrétiens
lui tombent dessus par surprise.
Chevaux et hommes se
mêlent dans un terrible combat. L' âcreté du sang et de la
poussière monte à la gorge. Bien qu'inférieurs en nombre, les
chevaliers chrétiens sont valeureux, le bruit des cliquetis des
armes s'élève à plusieurs lieues à la ronde.
Al Samh, mortellement
blessé, tombe au sol. C'est la panique dans les rangs sarrasins qui,
désorientés, reculent puis battent en retraite.
Le silence retombe sur le
champ de bataille où 3000 sarrasins et 1200 chrétiens gisent sur le
sol. Ceux qui avaient mangé un morceau d'éponge sortent du combat
sans la moindre égratignure.
Un miracle venait de
s'accomplir. Toulouse était sauvée et les Maures venaient de subir
leur première défaite.
Le souvenir de cette
bataille restera pendant longtemps vivace et le lieu du combat
portera le nom de « la chaussée des Martyrs ».
Onze siècle plus tard, en
1874, les restes d'un de ces combattants ainsi que ceux de son cheval
sont mis au jour à Castanet, et la mémoire resurgit.
Contes,
légendes et récits du pays d'Oc (Michel
Chalié)
Le maire du Palais Charles Martel reçoit un messager du duc Eudes d'Aquitaine qui l'appelle à son secours
La
disparition de Charles Martel des nouveaux programmes de collège est
claire et nette. Pourtant, son règne a constitué une étape
décisive dans l'extension du royaume des Francs et dans
l'instauration de la dynastie carolingienne.
Les musulmans en Gaule
Maîtres de la majeure
partie de l'Espagne, les musulmans arabes et berbères ont pris
l'habitude de franchir régulièrement les Pyrénées pour se livrer
à des raids foudroyants et dévastateurs, grâce à leur cavalerie
rapide et agile. Dès 719, ils soumettent la Septimanie. Les villes
de Narbonne et de Carcassonne sont prises et saccagées. L'Aquitaine
est ravagée à son tour, et Toulouse menacée. Il faut toute
l'ingéniosité du duc Eudes pour sauver la ville en 721, date
capitale, car pour la première fois les musulmans d'Espagne sont
battus en Gaule. Mais leurs opérations ne sont que détournées. Ils
prennent Nîmes et Arles en 725, avant de dévaster Autun. Déjà, un
nouveau raid se prépare, menaçant le sud-ouest du royaume.
S'appuyant sur sa redoutable cavalerie, l'émir Abder-Rahman entre en
trombe en Aquitaine en 732. Son objectif n'est certainement pas de
conquérir la Gaule, l'émir cherche avant tout à razzier un maximum
de butin. Fort des enseignements de 721, il choisit d'éviter
Toulouse et marche directement sur Bordeaux en pillant tout sur son
passage. Bordeaux est à feu et à sang. Eudes est impuissant face à
l'avancée arabe et n'a d'autre recours que de se placer sous la
protection de Charles Martel. Après cette éclatante victoire,
l'émir tente de gagner Tours pour y piller la basilique
Saint-Martin, célèbre pour ses innombrables trésors. Mais son
chemin passe par Poitiers...
Ce que les collégiens
n'apprennent plus
Charles Martel est un
personnage capital de l'histoire de France. De son vivant, il a été
considéré comme le véritable maître de la Gaule, même s'il
n'était pas roi. Au fil des siècles, ce personnage historique a été
utilisé par les différents régimes pour exalter les valeurs de
courage, de résolution et de patience dans sa marche vers le trône.
(…) Dans toute sa complexité, la victoire de 732 est une date
importante de l'Histoire, comme Bouvines (1214) et Marignan (1515)
Altermanuel
d'histoire de France (Dimitri Casali)