mardi 10 septembre 2013

La bataille de Castanet (récit du pays d'Oc)

Il n'y a pas si longtemps résonnait encore, dans toutes les classes d'écoles primaires, la litanie des grandes dates de l'histoire de France, qu'apprenaient par cœur tous les élèves : « En 732, Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers. »
Qui se souvient aujourd'hui de la bataille de Castanet ?
Maîtres de l'Espagne, les Sarrasins ne tardent pas à revendiquer les droits que les Wisigoths avaient en deça des Pyrénées. Ils font des incursions en Septimanie, s'emparent de Nîmes, Narbonne et Carcassonne.
Nous sommes en 721. Les Sarrasins omeyyades, avec à leur tête l'émir Al Samh, quittent Narbonne. Une impressionnante armée composée de plusieurs milliers d'hommes se met en marche vers Toulouse, ville qu'ils rêvent de conquérir.
Sur le trajet, les Sarrasins sèment la terreur. Les messagers d' Eudes, duc d'Aquitaine, ne font état que de pillages, viols et massacres.

Conscient de son infériorité, Eudes demande de l'aide à Charles Martel mais celui-ci reste sourd à ses appels. Il se retrouve donc seul face à cette armée redoutable, il ne peut compter que sur les siens et quelques mercenaires vascons (basques).
Le pape Grégoire II avait envoyé à Eudes trois éponges bénites, éponges utilisées pour récupérer les gouttelettes de vin tombées lors de la communion sur l'autel papal. Eudes découpe ces éponges en plusieurs petits morceaux et les donne à ingérer à ses guerriers, mais il n'y en a pas assez pour tous.
Le 9 juin 721, Eudes quitte les murs de Toulouse et se dirige sur l'armée Sarrasine qui, confiante en sa supériorité, tient campement aux portes de Toulouse, sur le territoire de la commune de Castanet. Les chrétiens lui tombent dessus par surprise.
Chevaux et hommes se mêlent dans un terrible combat. L' âcreté du sang et de la poussière monte à la gorge. Bien qu'inférieurs en nombre, les chevaliers chrétiens sont valeureux, le bruit des cliquetis des armes s'élève à plusieurs lieues à la ronde.
Al Samh, mortellement blessé, tombe au sol. C'est la panique dans les rangs sarrasins qui, désorientés, reculent puis battent en retraite.
Le silence retombe sur le champ de bataille où 3000 sarrasins et 1200 chrétiens gisent sur le sol. Ceux qui avaient mangé un morceau d'éponge sortent du combat sans la moindre égratignure.
Un miracle venait de s'accomplir. Toulouse était sauvée et les Maures venaient de subir leur première défaite.
Le souvenir de cette bataille restera pendant longtemps vivace et le lieu du combat portera le nom de « la chaussée des Martyrs ».
Onze siècle plus tard, en 1874, les restes d'un de ces combattants ainsi que ceux de son cheval sont mis au jour à Castanet, et la mémoire resurgit.

Contes, légendes et récits du pays d'Oc (Michel Chalié)




 Le maire du Palais Charles Martel reçoit un messager du duc Eudes d'Aquitaine qui l'appelle à son secours




La disparition de Charles Martel des nouveaux programmes de collège est claire et nette. Pourtant, son règne a constitué une étape décisive dans l'extension du royaume des Francs et dans l'instauration de la dynastie carolingienne.

Les musulmans en Gaule
Maîtres de la majeure partie de l'Espagne, les musulmans arabes et berbères ont pris l'habitude de franchir régulièrement les Pyrénées pour se livrer à des raids foudroyants et dévastateurs, grâce à leur cavalerie rapide et agile. Dès 719, ils soumettent la Septimanie. Les villes de Narbonne et de Carcassonne sont prises et saccagées. L'Aquitaine est ravagée à son tour, et Toulouse menacée. Il faut toute l'ingéniosité du duc Eudes pour sauver la ville en 721, date capitale, car pour la première fois les musulmans d'Espagne sont battus en Gaule. Mais leurs opérations ne sont que détournées. Ils prennent Nîmes et Arles en 725, avant de dévaster Autun. Déjà, un nouveau raid se prépare, menaçant le sud-ouest du royaume. S'appuyant sur sa redoutable cavalerie, l'émir Abder-Rahman entre en trombe en Aquitaine en 732. Son objectif n'est certainement pas de conquérir la Gaule, l'émir cherche avant tout à razzier un maximum de butin. Fort des enseignements de 721, il choisit d'éviter Toulouse et marche directement sur Bordeaux en pillant tout sur son passage. Bordeaux est à feu et à sang. Eudes est impuissant face à l'avancée arabe et n'a d'autre recours que de se placer sous la protection de Charles Martel. Après cette éclatante victoire, l'émir tente de gagner Tours pour y piller la basilique Saint-Martin, célèbre pour ses innombrables trésors. Mais son chemin passe par Poitiers...
Ce que les collégiens n'apprennent plus
Charles Martel est un personnage capital de l'histoire de France. De son vivant, il a été considéré comme le véritable maître de la Gaule, même s'il n'était pas roi. Au fil des siècles, ce personnage historique a été utilisé par les différents régimes pour exalter les valeurs de courage, de résolution et de patience dans sa marche vers le trône. (…) Dans toute sa complexité, la victoire de 732 est une date importante de l'Histoire, comme Bouvines (1214) et Marignan (1515)

Altermanuel d'histoire de France (Dimitri Casali)