C'est à une plongée dans
l'histoire antique que je vous invite aujourd'hui. Oublions les très
soporifiques « Mémoires d'Hadrien », roman historique de
la célèbre Marguerite Yourcenar, et intéressons-nous plutôt
à un auteur américain, Steven Pressfield. La Grèce antique plutôt
que la Rome antique.
Vous connaissez
probablement le film « 300 », adaptation
cinématographique réussie (même si l'on peut regretter le côté
kitsch se dégageant des acteurs bodybuildés, et un manichéisme un
peu poussif) de la non moins réussie BD de Frank Miller. Mais
connaissez vous le roman de Steven Pressfield qui relate lui aussi la
célèbre bataille des Thermopyles
?
Si vous avez aimé le film
ou la BD, si vous souhaitez approfondir l'univers des spartiates tout
en vous divertissant, je ne peux que vous conseiller « Les
murailles de feu ».
Certains passages ne font
pas dans la finesse littéraire, certes, mais l'histoire reste
passionnante et instructive. Savez-vous, par exemple, pourquoi un
Lambda figure sur les boucliers spartiates? Savez-vous quel âge
avait Léonidas lorsqu'il combattit aux Thermopyles ?
Connaissez-vous la condition sine qua non qu'il fallait remplir pour
avoir l'honneur d'être sélectionné parmi les 300 ? Tout cela,
et beaucoup d'autres choses encore, vous l'apprendrez en lisant ce
roman. Les personnages sont plus nombreux que dans le film, leur
personnalité plus complexe, et les ennemis moins « grotesques ».
L'auteur, qui a été fait citoyen d'honneur de la ville de Sparte,
parvient à nous tenir en haleine tout au long du roman et à nous
faire ressentir ce qu'ont pu ressentir les guerriers spartiates au
cours de leurs combats. Pas de super-héros hollywoodiens ici, mais
des êtres de chair et de sang.
Le livre (473 pages. Editions Archioche), est découpé ainsi (chacun de ces titres est le nom d'un des personnages principaux du roman, excepté le dernier qui est bien sûr le nom de la bataille) :
Livre premier :
Xerxès
Livre deuxième :
Alexandros
Livre troisième : Le Coq
Livre troisième : Le Coq
Livre quatrième :
Aretê
Livre cinquième :
Polynice
Livre sixième :
Dienekès
Livre septième :
Léonidas
Livre huitième : Les
Thermopyles
En 480 avant notre ère,
les armées de l'empire perse, conduites par le roi Xerxès et
rassemblant selon l'historien Hérodote deux millions d'hommes,
traversèrent l'Hellespont, c'est-à-dire l'actuel détroit des
Dardanelles, afin d'envahir et asservir la Grèce.
Dans un effort désespéré pour ralentir leur avance, une unité d'élite de trois cents Spartiates fut dépêchée au défilé des Thermopyles ; serré entre terre et mer, ce passage était si étroit que les Perses et leur cavalerie pourraient y être au moins ralenties. Là, espéra-t-on, une escouade d'hommes prêts à sacrifier leur vie pourrait retarder les envahisseurs au moins quelques jours.
En effet, trois cents Spartiates et leurs alliés y retinrent les envahisseurs pendant sept jours. Puis, leurs armes brisées, décimés, ils furent contraints de se battre "avec leurs dents et leurs mains nues", selon Hérodote, avant d'être enfin vaincus.
Les Spartiates et leurs alliés béotiens de Thespies moururent jusqu'au dernier, mais le modèle de courage que constitua leur sacrifice incita les Grecs à s' unir. Au printemps et à l'automne de cette année-là, leur coalition défit les Perses à Salamine et à Platée. Ainsi furent préservées les ébauches de la démocratie et de la liberté occidentale.
Deux mémoriaux se dressent aujourd'hui aux Thermopyles. L'un, moderne, appelé "monument à Léonidas", en l'honneur du roi spartiate qui mourut là, porte gravée sa réponse à Xerxes qui lui ordonnait de déposer les armes. Réponse laconique : Molon labe ("viens les prendre").
L'autre, ancien, est une simple stèle qui porte également gravée les paroles du poète Simonide :
Passant, va dire aux Spartiates
Que nous gisons ici pour obéir à leurs lois.
Hérodote écrit dans ses Histoires : "Tout le corps des spartiates et des Thespiens fit preuve d'un courage extraordinaire, mais le plus brave de tous fut de l'avis général le Spartiate Dienekès. On rapporte que, à la veille de la bataille, un habitant de Trachis lui déclara que les archers perses étaient si nombreux que, lorsqu'ils décrochaient leurs flèches, le soleil en était obscurci. "Bien, répondit Dienekès, nous nous battrons donc à l'ombre.".
Dans un effort désespéré pour ralentir leur avance, une unité d'élite de trois cents Spartiates fut dépêchée au défilé des Thermopyles ; serré entre terre et mer, ce passage était si étroit que les Perses et leur cavalerie pourraient y être au moins ralenties. Là, espéra-t-on, une escouade d'hommes prêts à sacrifier leur vie pourrait retarder les envahisseurs au moins quelques jours.
En effet, trois cents Spartiates et leurs alliés y retinrent les envahisseurs pendant sept jours. Puis, leurs armes brisées, décimés, ils furent contraints de se battre "avec leurs dents et leurs mains nues", selon Hérodote, avant d'être enfin vaincus.
Les Spartiates et leurs alliés béotiens de Thespies moururent jusqu'au dernier, mais le modèle de courage que constitua leur sacrifice incita les Grecs à s' unir. Au printemps et à l'automne de cette année-là, leur coalition défit les Perses à Salamine et à Platée. Ainsi furent préservées les ébauches de la démocratie et de la liberté occidentale.
Deux mémoriaux se dressent aujourd'hui aux Thermopyles. L'un, moderne, appelé "monument à Léonidas", en l'honneur du roi spartiate qui mourut là, porte gravée sa réponse à Xerxes qui lui ordonnait de déposer les armes. Réponse laconique : Molon labe ("viens les prendre").
L'autre, ancien, est une simple stèle qui porte également gravée les paroles du poète Simonide :
Passant, va dire aux Spartiates
Que nous gisons ici pour obéir à leurs lois.
Hérodote écrit dans ses Histoires : "Tout le corps des spartiates et des Thespiens fit preuve d'un courage extraordinaire, mais le plus brave de tous fut de l'avis général le Spartiate Dienekès. On rapporte que, à la veille de la bataille, un habitant de Trachis lui déclara que les archers perses étaient si nombreux que, lorsqu'ils décrochaient leurs flèches, le soleil en était obscurci. "Bien, répondit Dienekès, nous nous battrons donc à l'ombre.".
Extrait 1. [Polynice, un des meilleurs commandants spartiates, interroge le jeune Alexandros]
- Tu voulais voir la
guerre, reprit Polynice. Comment avais-tu imaginé que ce serait ?
Alexandros était requis
de répondre avec une parfaite brièveté, à la spartiate. Devant le
carnage, ses yeux avait été frappés d'horreur et son cœur
d'affliction, lui dit-on ; mais alors, à quoi croyait-il que
servait une lance ? Un bouclier ? Une épée ? Ces
questions et d'autres lui furent posées sans cruauté ni sarcasme,
ce qui eût été facile à endurer, mais de manière froide et
rationnelle, exigeant une réponse concise. Il fut prié de décrire
les blessures que pouvaient causer une lance et le type de mort qui
s'en suivrait. Une attaque de haut devait-elle viser la gorge ou la
poitrine ? Si le tendon de l'ennemi était sectionné,
fallait-il s'arrêter pour l'achever ou bien aller de l'avant ?
Si l'on enfonçait une lance dans le pubis, au-dessus des testicules,
fallait-il la retirer tout droit ou bien prolonger l'estocade vers le
haut, pour éviscérer l'homme ? Alexandros rougit, sa voix
trembla et se brisa.
- Veux-tu que nous nous
interrompions, mon garçon ? Cette instruction est-elle trop
rude pour toi ? Réponds de manière brève. Peux-tu imaginer un
monde où la guerre n'existe pas ? Peux-tu espérer de la
clémence d'un ennemi ? Décris les conditions dans lesquelles
Lacédémone se trouverait sans armée pour la défendre. Qu'est-ce
qui vaut mieux, la victoire ou la défaite ? Gouverner ou être
gouverné ? Faire une veuve de l'épouse de l'ennemi ou bien de
sa propre femme ? Quelle est la suprême qualité d'un homme ?
Pourquoi ? Qui admires-tu le plus dans toute la cité ? Et
pourquoi ? Définis le mot « miséricorde ». Définis
le mot « compassion ». Sont-ce là des vertus pour le
temps de guerre ou le temps de paix ? Sont-ce des vertus
masculines ou féminines ? Et sont-ce bien des vertus ?
De tous les pairs qui
harcelaient Alexandros ce soir-là, Polynice n'apparaissait guère
comme le plus acharné ni comme le plus sévère. Ce n'était pas lui
qui menait l' arosis et ses questions n'était ni franchement
cruelles, ni malicieuses. Il ne lui laissait tout simplement pas de
répit. Dans les voix des autres, aussi pressantes que fussent leurs
questions, résonnait tacitement l'inclusion : Alexandros était
l'un des leurs et ce qu'ils faisaient ce soir-là et feraient
d'autres soirs ne visait pas à le décourager ni à l'écraser comme
un esclave, mais à l'endurcir, à fortifier sa volonté, à le
rendre plus digne d'être un jour appelé guerrier, comme eux, et à
assumer son rang de pair et de Spartiate.
Extrait 2.
[L'armée perse s'avance, pour le premier affrontement]
Léonidas avait maintes
fois recommandé aux officiers thespiens de veiller à ce que les
boucliers, les jambières et les casques de leurs hommes fussent
aussi brillants que possible ; et là, c'était des miroirs.
Par-dessus les bords des boucliers de bronze, les casques rutilaient,
surmontés par des crinières de queue de cheval qui, lorsqu'elles
frissonnaient au vent, ne créaient pas seulement une impression de
haute taille, mais dégageaient aussi une indicible menace.
Ce qui ajoutait au
spectacle terrifiant de la phalange hellénique et qui pour moi était
le plus effrayant, c'étaient les masques sans expression des casques
grecs, avec leurs nasales épaisses comme le pouce, les jugulaires
écartées et les fentes sinistres des yeux, qui recouvraient tout le
visage et donnaient à l'ennemi le sentiment qu'il affrontait, non
pas des créatures de chair comme lui-même, mais quelque atroce
machine, invulnérable, impitoyable. J'en avais ri avec Alexandros
moins de deux heures auparavant, quand il avait posé son casque sur
son bonnet de feutre ; l'instant d'avant, avec le casque posé
posé à l'arrière du crâne, il paraissait juvénile et charmant,
et puis quand il eut rebattu la jugulaire et ajusté le masque, toute
l'humanité du visage était partie. La douceur expressive des yeux
avait été remplacée par deux insondables trous noirs dans les
orbites de bronze. L'aspect du personnage avait changé. Plus de
compassion. Rien que le masque aveugle du meurtre.
- Enlève-le !
Avais-je crié. Tu me fais peur !
Et je ne plaisantais pas.
Dienekès vérifiait à ce
moment-là l'effet des armures hellènes sur l'ennemi. Il parcourait
leurs rangs du regard. Les taches sombres de l'urine maculaient plus
d'un pantalon, ça et là, les pointes de lances tremblaient. Les
Mèdes se mirent en formation, les rangs trouvèrent leurs marques,
les commandants prirent leurs postes.
Le temps s'étira encore.
L'ennui le céda à l'angoisse. Les nerfs se tendirent. Le sang
battait aux tempes. Les mains devinrent gourdes et les membres
insensibles. Le corps sembla tripler de poids et se changer en pierre
froide. On s'entendait implorer les dieux sans savoir si c'étaient
des voix intérieures ou si on criait réellement et sans vergogne
des prières.
Sa majesté se trouvait
sans doute trop haut sur la montagne pour s'être avisée du coup du
ciel qui précipita l'affrontement. Tout d'un coup, un lièvre
dévala la montagne, passant entre les deux armées, à une trentaine
de pieds de Xénocratide, le commandant thespien.
ATTENTION : grosse
« boulette » sur la couverture du livre ci-dessus :
il manque un zéro ! La bataille des Thermopyles s'est déroulée
en 480 av JC, et non pas en 48 av JC...
Avide de conquêtes et de
revanche sur l'ennemi héréditaire, le roi Xerxes, à la tête de
deux cent mille Perses, traverse l'Hellespont et marche sur Athènes,
écrasant tout sur son passage. Ceux que l'on appelle les immortels
seraient-ils réellement invincibles?
A Sparte, la nouvelles de cette invasion répand la terreur. Le roi Léonidas Ier rassemble ses plus vaillants hoplites et se porte au-devant de l'adversaire. Mais comment trois cents hommes aguerris stopperaient-ils une armée?
L'affrontement a lieu dans le défilé des Thermopyles. Six jours durant, sous le regard des dieux, cet étroit passage sera le théâtre de combats sans merci.
Raconté par un survivant, c'est ce choc inégal _et, au-delà, toute l'histoire de la vie quotidienne de Sparte _ que ressuscite Steven Pressfield dans ce "roman foisonnant qui fait revivre avec éclat une civilisation disparue" (The New Yorker).
A Sparte, la nouvelles de cette invasion répand la terreur. Le roi Léonidas Ier rassemble ses plus vaillants hoplites et se porte au-devant de l'adversaire. Mais comment trois cents hommes aguerris stopperaient-ils une armée?
L'affrontement a lieu dans le défilé des Thermopyles. Six jours durant, sous le regard des dieux, cet étroit passage sera le théâtre de combats sans merci.
Raconté par un survivant, c'est ce choc inégal _et, au-delà, toute l'histoire de la vie quotidienne de Sparte _ que ressuscite Steven Pressfield dans ce "roman foisonnant qui fait revivre avec éclat une civilisation disparue" (The New Yorker).
A noter :
une « suite »
au film « 300 » était prévue pour le mois d'août 2013,
dont voici le synopsis :
En l'an 490 avant J.C.,
les troupes athéniennes doivent contrer les attaques de l'empire
Perse. Une grande bataille se prépare. Non loin d'Athènes, à 42 km
au nord, Marathon est l'un des derniers remparts protégeant la
grande Athènes. Les Perses sont nombreux, beaucoup plus nombreux que
les Athéniens, qui vont devoir faire appel aux Spartiates pour les
aider.
… Et l'affiche :
Mais il faudra patienter,
puisque la
sortie de "300 : naissance d'un empire" a été repoussée
par la Warner au mois de mars 2014.